2011/02/27

Dôgen, Kûkai etc.

à Hanegi-koen, Umegaoka, Setagaya, Tokyo    
photo by Masaki SURUGA


       Hélène Cécile GRNAC


  L’hiver dernier(2008) il est sorti un film japonais qui a eu un grand succès, intitulé « ZEN ». Il raconte la vie du grand moine japonais DOGEN ( 1200 – 1253 ), fondateur de la secte zen SOTO. La quintessence de son enseignement se trouve dans son oeuvre maîtresse Shôbôgenzô, « Le Trésor de l’Oeil de la vraie Loi ».  
  La pensée de Dôgen présente une originalité remarquable que l’on se permet de résumer ainsi : au lieu de se baser sur les Ecritures de l’enseignement bouddhique classique, il les nie pour au contraire s’appuyer sur sa propre expérience dans ce qu’il appelait le « ici et maintenant » en prenant la position assise, celle du « zazen ». C’est grâce à elle que le corps et l’esprit cessent d’avoir toute valeur fixe, toute identité déterminée et qu’on peut atteindre l’Eveil, la Voie ( de Bouddha), c’est-à-dire qu’ « étudier la Voie, c’est seulement saisir les os et la moelle du monde de l’absence de forme et de pensée. » Par ailleurs, cet éveil se produit de lui-même, il a lieu ou non, mais ne dépend de toutes façons, d’aucune circonstance extérieure, quelle quelle soit. Pour ce qui est de la mort, il dira devant une assemblée de bonzes à Hôrin-ji, en 1242 que « l’homme ordinaire ignore que vie et mort cohabitent...que la vie ne s’oppose pas à la mort ni la mort à la vie .»
  Ce film fut l’occasion de me replonger dans le bouddhisme qu’en fait je ne perdais jamais de vue, relisant souvent, sans m’en lasser, des passages de tels ou tels penseurs indiens, chinois ou japonais ( principalement Dôgen et Kûkai ), naturellement le plus souvent en traduction française ou anglaise, quelquefois dans l’original japonais. Je revis le film encore deux fois, et forte de cette expérience, me sentant quelque part « éveillée », dans la foulée, je pensais à cet autre grand moine japonais tout aussi célèbre sinon plus que Dôgen : Kôbô Daishi qui vécut environ quatre siècles avant Dôgen : 774-835 et plus souvent appelé Kûkai (Océan de vacuité), nom qu’il prit quand il fut ordonné moine, avant son départ en Chine. J’eus la chance de découvrir une vidéo sur sa vie. Un film japonais de presque trois heures des années 85 dont je ne sais pourquoi je n’avais jamais entendu parler ou oublier son existence. Que je revis trois fois aussi, tranquillement.
  Comme Dôgen, Kûkai, fondateur, lui, de la secte bouddhique du Shingon (le mantra), obtint l’Eveil en Chine et comme Dôgen, il voulut initier les Japonais à ce qu’il avait appris, après son retour au Japon. Mais bien que tous les deux se réclament de la Voie de Bouddha et présentent nécessairement des points communs dans leur philosophie, notamment sur la vacuité et l’impermanence des choses, Kûkai insista sur l’étude du mandala, représentation géométrique et symbolique de l’univers dans le bouddhisme (et aussi le brahmanisme). Il implanta le bouddhisme dit ésotérique, dans son pays. Pour lui, macrocosme et microcosme ne font qu’UN. Il affirmera encore comme Dogen quelques siècles plus tard, qu’on peut atteindre l’Eveil, autrement dit l’état de Bouddha en une seule vie ici-bas, sans avoir à passer par plusieurs vies ou réincarnations, contrairement à la croyance hindouiste et à celle des autres sectes religieuses de son époque au Japon.
  A la différence de Dôgen qui partit en Chine très jeune déjà bonze et se consacra au retour exclusivement au zen et à son temple Eihei-ji, Kûkai comme Dôgen abandonnera de brillantes études et toute carrière prometteuse, mais pour mener d’abord de longues années, une vie d’ascète errant et loqueteux. Pour expérimenter précisément ce qu’il pressentait si fort en lui, que « tout ce qui était en haut était comme tout ce qui était en bas ». Il ne se fera moine qu’après l’âge de 30 ans, après avoir mieux compris non seulement avec son intelligence hors du commun mais aussi et surtout avec toutes les fibres de son corps les mystères de l’univers. Initiation personnelle et quasi-sauvage, dans la nature même, apprentissage laborieux et souvent périlleux qu’il parachèvera en Chine grâce à la rencontre miraculeuse du grand maître de l’ésotérisme chinois Keika-Ajari (Hui-Go) qui, dit-on, l « attendait » avec impatience pour lui transmettre les secrets ultimes de son enseignement, avant de quitter ce monde. Très ouvert, il désirait aussi que Kûkai se hâte de rentrer au Japon pour les répandre. Kûkai écrira une oeuvre immense dont une « Jôjôshin-ron », dans lequel il développera les dix niveaux à travailler avant d’atteindre l’unité absolue de l’Esprit.
  L’Eveillé n’a donc pas besoin de rejeter le monde, il peut et se doit même d’aider les autres moins avancés que lui à percevoir la Vérité, l’Ainsité des choses de la vie sous leurs aspects infiniment multiples mais sans cesse changeants et éphémères.
     Fort de son expérience et de l’initiation complète qu’il eut le privilège unique de recevoir, Kûkai voyagera à travers tout le Japon. Doué de pouvoirs shamaniques, il soignera les malades lors d’épidémies, arrêtera la tempête pour que les pêcheurs aient le temps de construire leur digue contre le typhon etc... Il reste toujours très vénéré au temple qu’il fonda en 816 sur le mont Koya et les Japonais se sentent plus proches de lui que de Dôgen, probablement, bien que chaque année des milliers de touristes aillent visiter Eihei-ji.
  Voilà donc ce que ces deux films m’avaient appris sur les deux plus importants courants spirituels du Japon et sur leurs deux plus éminents penseurs.
Mais après le vif intérêt ressenti en découvrant à l’écran la vie extraordinaire de ces deux grands propagateurs de la pensée de Sakyamuni, je pris du recul, puis le doute commença à me ronger, enfin je me décidai à les attaquer...tous les deux.
Il n’est pas dans mon intention de mettre en doute leur force spirituelle respective, j’aurais bien du mal à le faire. Tout ce qu’ils ont écrit comme témoignages de leurs expériences intérieures restera un précieux témoignage et un excellent texte de référence pour tous les lecteurs de tous les temps, certes, mais pourquoi ont-ils fondé tous les deux et d’autres comme eux une secte ? Bouddha n’a jamais voulu que ses expériences sur la découverte de l’ignorance humaine se transforment en dogmes religieux.
  Aussi Bouddha n’ a jamais voulu créer de temple ni de secte quelconque ; pourquoi faut-il alors que ceux qui ont voulu devenir des « éveillés » comme lui et qui y sont parvenus en principe, ont-ils toujours eu le besoin de créer une secte dans laquelle ils se sont enfermés pour former bande à part ? Pratiquement aucun des plus célèbres n’a réussi à vivre comme tout le monde, excepté Marpa, le laique tibétain et maître de Milarépa, qui dira lui-même :《 ............. 》,
    
     ................................................................

   .........plongeai dans le plus définitif accablement. Je ne me suis plus sentie illuminée, plus du tout. Loin d’appliquer le principe capital du bouddhisme selon lequel rien n’a de véritable consistance, donc tout est illusion mentale, mon petit « moi » s’était au contraire assez renforcé pour croire fermement qu’il existait vraiment. Puisque j’éprouvais un complexe d’infériorité presque insupportable ! Je me perdais dans toutes sortes de raisonnements plus contradictoires les uns que les autres. Je pensais que tout cela était magnifique mais sur le papier seulement et si ce n’était pas le cas que je n’aurais jamais la force intellectuelle, physique et spirituelle de les suivre, même de très loin. Kûkai me semblait encore plus inaccessible que Dôgen parce qu’à moins d’aller chercher dans le fin fond du Pérou ou du Mexique un shamane digne de ce nom, comme Don Juan dans les récits fascinants de Castanéda, ou de tomber sur quelqu’un comme l’inoubliable indien Apache surnommé « Grandfather » des livres de Tom Brown, Jr., je ne pourrais jamais rien apprendre du vrai esprit de la Nature et de cette force « qui meut infiniment tout ce qui est ». Mais je savais aussi que je n’aurais jamais le courage ni l’élan suffisants pour aller m’asseoir durant de longues heures sur un coussin et faire zazen... bien que vivant au Japon, la patrie de Dôgen. Je me demandai enfin, pour justifier mon incapacité totale, s’il existait de nos jours de véritables successeurs de Dôgen et de Kûkai...    


   (inachevé)


    le 12 mai 2009   à   Tokyo


*Cette ébauche est le dernier écrit d'Hélène Cécile GRNAC. Le 12 mai 2009, mardi, en rentrant de ses cours à Yokohama, elle s'est aperçue que ses jambes étaient enflées "comme des poteaux". C'était l'apparition nette de son cancer.



【管理人の注】
 エレーヌ・セシル・グルナックによる最後の草稿。残されたパソコンの中から、《Le corps est esprit, L'esprit est corps》とともに発見された。フランス文学作品をテーマとする考察から、50年来の関心の中心だった生活の中での《真理》の探究についての考察へと、道元や空海に触れつつ、向かおうとしていた。
 宗教と神秘主義への非常な興味を一貫して持ち続けてきたグルナックは、60代の後半に達して、隠遁者でも僧でもなく、生活に追われるふつうの社会人として生きつつ、それらをどのように日常生活の中で生き、どのように《真理》へと到達して行きうるのかということについて、多面的に考え直そうとしていた。
 道元や空海の著作の日本語原文、現代日本語訳、フランス語訳、英語訳をあらためて手元に集め始めていたが、知的思弁的な道元論や空海論を展開していくよりは、日常の中の様々なモノや身のまわりの小さな自然、誰にでも訪れる夢や直観、場合によっては幻視などを手掛かりとした《真理》の探究の仕方を採っていくことになる可能性のほうが強かったと想像される。ネイティヴ・アメリカン関係の自然や霊との交流を扱った書籍類や、現代アメリカの女性たちの手になる実践的なシャーマニズムや魔法についての書籍類も手元に多量に集められており、すでに相当に読み込まれていたが、グルナックにとっては、そうした進み方のほうが自然であったように見受けられる。

 この草稿に最後に手が入れられた2009年5月12日、火曜日、朝日カルチャーセンター横浜の授業から帰宅したグルナックは、両足が大根のように腫れているのに気づく。彼女の生命を奪うことになるガンが、はっきりしたかたちで現われた日だった。
 以後、落ち着いて文章を書く機会はついに戻って来なかったが、ふいに突きつけられた末期ガンを、集中的な実践的修行の契機のようなものとして認識していた。様々な雑事につきまとわれ続ける日常生活と、そこに厄介事と心身疲労や衰弱が加えられ続けていく病気というもの。これらを抱えながらの精神的ないし霊的な進化・深化は、どこまで可能か。最期を迎える週まで、これが、管理者との間での会話の中心的なテーマとなった。グルナックは、生涯で一度も病気らしい病気を経験したことがなかったので、降って湧いたような大病を、特別に突きつけられた課題として受けとめていた。
 70歳にも達しない年齢の彼女を見舞った死の危機について、まだ若過ぎると考えて悔やんでいたわけではない。彼女よりも若くして亡くなった空海や道元、あるいは聖ベルナデットなどの年齢を忘れていなかったし、やはりガンで死んでいった覚者ラマナ・マハリシやクリシュナムルティのことも忘れてはいなかった。

2011/02/25

Madame Irène Meynieux et Roland Barthes en1938




 Madame Irène Meynieux, une amie très chère d'Hélène Cécile GRNAC et Roland Barthes à Budapest, en été 1938.

【管理者の注】
  長きにわたってエレーヌ・セシル・グルナックの親友だったイレーヌ・メニユIrène Meynieuxは、ロシア文学者にして作家・詩人である夫アンドレ・メニユAndré Meynieux とともに、多くの文化人に接し続けた。夫が亡くなったのちも自宅に個人的に人々を招いて、晩餐をともにすることが多かった。
 批評家ロラン・バルトRoland Barthes(12 nov.1915-26 mars1980)もそのひとりだが、1938年夏のこの写真は、まだ22歳の頃のロラン・バルトとブダペストで晩餐をともにした際のもの。イレーヌ・メニユはバルトの隣りに座り、顔を横に向けている。
 この年3月13日にはナチスドイツがオーストリアを併合していた。9月にはチェコスロバキアのズデーデン地方もドイツの手に落ち、11月には水晶の夜事件が起こることになる。
 エレーヌ・セシル・グルナックには間接的にしか関わらない事柄だが、ロラン・バルト関連の資料にも収録されていない珍しい写真なので、ここに掲載しておく。

LE JAPON : POUR UN MIEUX-VIVRE

au temple Kinkaku, Kyoto 


   Hélène Cécile GRNAC


    La première fois que je suis venue au Japon, c’était en 1970, par hasard l’année de l’Exposition universelle à Osaka. Mais je n’étais pas venue pour cela, aussi, après avoir visité quelques pavillons, je m’échappai vite de cet enfer « expositionnel ».Je voulais goûter, respirer le « vrai » Japon. La visite des temples, des jardins à Kyoto, Nara et autres coins moins célèbres mais tout aussi intéressants m’enchanta mais mon émotion fut souvent cruellement entamée par le....NEON ! Quelle pénible surprise de constater que presque partout on s’éclairait au néon, y compris dans les temples ! Dans les belles vieilles maisons où j’eus l’honneur d’être invitée, quel éclairage désagréable que celle du néon dans les pièces aux boiseries dorées, aux clairs tatamis, aux délicates portes en papier, au tokonoma où respirait doucement une fleur, solitaire mais sereine ! Quel enfantillage, me direz-vous, de dramatiser ainsi pour si peu, tandis que pour les jeunes d’aujourd’hui cela paraîtra tout simplement ridicule, mais pour moi c’était une déception sans nom.Tout au long de mon voyage, et même dans les auberges les plus traditionnelles, je retrouvai ces maudites plaques de néon au plafond, qui me brûlaient la tête et les yeux, nous donnaient, aux autres clients et moi, des faces cadavériques.J’avais l’impression d’être un ectoplasme, je me sentais dépouillée de mon âme.... Quelle tristesse! Je n’ai pourtant rien contre le progrès mais ne peut-on l’utiliser avec plus de discernement, pour le confort certes, mais sans pour autant sacrifier toute esthétique ?Je me serais volontiers éclairée à la bougie, dans ces pièces au vide si intime et si propice au repos du corps et de l’esprit.....
  
     Je revins au Japon quelques années plus tard. Deuxième grand choc : dans les quartiers pittoresques où j’avais flâné, la plupart des belles maisons avaient été rasées, arbres compris et sur leurs ruines, de tristes logements bâtis tous azimuts, de toutes les hauteurs, de tous les styles possibles et inimaginables, déchiraient l’espace, choquaient terriblement avec le bleu du ciel. Je posai alors la question de l’urbanisme à des amis japonais. Ils me répondirent que pour cela, le Japon avait beaucoup de retard et que le gouvernement n’avait pas l’air de s’intéresser à la question. Comment faire, alors, pour arrêter cette dégradation galopante, m’exclamai-je, désespérée.Comment ne pas se rendre compte que Tokyo par exemple, est en train de devenir un monstre hybride, hideux, où il est déjà de plus en plus inhumain de vivre ? Je sais bien que la vie change pour les villes comme pour les êtres humains, les animaux et les plantes mais pourquoi porter un tel outrage à la beauté, à l’art de vivre ?

     Le problème ne se pose pas seulement pour les zones habitées. Le feu qui m’animait quand je visitais un temple se meurt peu à peu, tout simplement parce qu’en arrivant devant lui, ce qui me déchire la vue, ce sont les distributeurs automatiques de boissons et de cigarettes ! Le charme est bien entendu définitivement rompu et on n’est pas toujours sûr de pouvoir prendre une photo sans ces horribles machines. Je pense qu’autrefois, les fêtes populaires se déroulaient autour des temples et qu’à cette occasion on dansait, chantait, mangeait et priait librement, mais je suppose que les feux de la fêtes éteints, le temple et son dieu restaient à nouveau maîtres supêmes des lieux et que paix et beauté s’installaient à nouveau, alentour....jusqu’à la prochaine fête. Maintenant, hélàs, même après la fête, on n’enlève pas ces appareils qui agressent votre regard et font figure de verrues sur un beau visage lisse.

     Vous parlez avec la sensibilité esthétique d’une Occidentale, me direz-vous, je ne le pense pas. Tous les hommes, où qu’ils vivent, sont touchés par la beauté, car la beauté n’est pas le privilège de quelques-uns, elle est universelle et la culture japonaise ne cesse de nous émerveiller par sa délicatesse et son raffinement.

     Depuis l’ère Meiji, le Japon saccage sa beauté naturelle et spirituelle. Les remous de l’Histoire l’ont obligé à s’occidentaliser pour faire face à d’agressifs visiteurs. Il le fit héroïquement, nul n’en doute, et avec un douloureux stoïcisme.Il n’est que de relire Natume Soseki(Mon, Sanshiro, Sorekara...) pour souffrir avec lui en voyant son pays se détruire sans ménagement. L’Europe, me dit un jour un ami japonais, a traversé elle aussi bien des calamités et pourtant elle a su garder son art de vivre, mais au Japon, on ne sait pourquoi, on détruit sans vergogne, on vise le profit avant tout. Une des raisons pour laquelle nous aimons voyager en Europe, c’est qu’elle respire encore l’harmonie.Sa remarque était sans doute assez juste, mais de toute façon, lui dis-je, il était urgent que le Japon décide une politique cohérente d’aménagement de ses centres urbains, aide efficacement ses habitants à créer une meilleure qualité de vie, matérielle et psychologique, où chaque jour ne soit plus un enfer mais un mieux-vivre. Le Japon, dit-on, réussit économiquement, pourtant nul n’ignore que la vie quotidienne du Japonais moyen est plus que frustrante et qu’il commence à se demander si la vie vaut la peine d’être vécue.

      Restaurer le Japon actuel ne signifie pas naturellement qu’il faille revenir, au Japon du passé mais le développer le plus harmonieusement possible, de manière à s’y sentir bien, à aimer y vivre pour ceux qui l’habitent et pour ses touristes, à rêver d’y revenir.

     (octobre 1990)


【管理者の注】
 「美しい日本のために(「生活小国」日本)」のフランス語原文。
 これをもとにグルナック自身が日本語で書き直し、それが『三田評論』第919号(1990年11月号)に掲載された。
 





2011/02/23

エレーヌさんの月夜の庭

                                 
        
  
     樋 野  ゆ り
    Yuri HINO)


 エレーヌさんはヨガを教えていると言っていました。ヨガのことについてすこし話を聞きました。
 でも、このブログを見て、お寺で本当に教えていたと知りました。
 私はヨガは習いませんでした。
 でも、ときどきエレーヌさんのお庭でいっしょに月の夜に目を閉じて座ったりしたことがありました。

 私はエレーヌさんの家のちかくに住んでいたことがあります。ていうか、エレーヌさんの家から遠くないお店でバイトしてて、エレーヌさんがお客さんで来て、ちょっと変わった人だったし外人だったので、なんとなく気にするようになったのですが、エレーヌさんはいつもいろいろ話してくるので、親しくなりました。
 私は高校生でしたが、占いとか魔女とかなぜかすごく興味があって、そんなことばかり読んだりしてましたが、エレーヌさんといつだったか、そんなことの話になりました。仕事中なのでちょっと話しただけですが、こんどもっと話しましょうと言われて、ちょうど都合がついた時にエレーヌさんの家に行きました。
 コーヒーとかライ麦パンとかお菓子も少し出してくれて、いろいろ話しました。フランス人だとはじめて知りました。私はフランスっていうのはあまり知らなかったので、パリとかエッフェル塔とかがあるんだぐらいに思っただけですけど、エレーヌさんはフランスのことをそんなに話しませんでした。フランス語の先生ですというので、それじゃあフランス語を習ったらいいかなと思いましたが、あんまり興味がなかったので、習いませんでした。私は英語もだめなので、フランス語はもっとだめだろうと思いました。でも、いくつかの言葉は習いました。
 最初に行った日は夜でしたが、月がよく出ている日でもなかったので、べつにそれはいいのですけど、エレーヌさんは、ゆりさんは魔女なんですからこんどは満月の夜にお庭で瞑想しましょうと言いました。瞑想のことをエレーヌさんはメイソみたいにいうので、最初よくわからなかったです。目をつぶって座るというので、瞑想だとわかりました。でも、瞑想というのは言葉は知ってましたがあまり私は知らなかったので、むずかしいのかなと思いました。でも私は月のきれいな晩にお庭で目をつぶって座るのは面白いかもと思いました。ですから、ウイ、と言いました。エレーヌさんに習ったばっかりの言葉でした。
 
 魔女の本を読んでいたから、満月が精神にひじょうな影響があるのは知っていました。詳しくはわからないけれど、月には特別な力があるそうです。満月の光はほんとうはすごく強く、月焼けするのだと読んだことがあります。そんな夜に、よく知らないけれど、やっぱり魔女好きのエレーヌさんと庭で瞑想するっていうのはちょっとすごいかもっていう感じでした。
 
 最初に月の庭で座ったのは桜が散る頃で、春でした。ちょっと寒かったですが、その夜はあまり冷えなかったです。そんなにながくは座っていませんでしたが、座布団をもらって、しばらくふたりで目をつぶって、庭のコンクリートの台みたいなところに胡坐をかくみたいにして座っていました。ヨガとかはどうするのか知りませんが、べつにむずかしい息のしかたをするわけでなくって、ただ座っているだけです。
 月の光がなんか水のなかの大きな柱みたいになっていて、水の中ほどはっきりしてませんけれど、ちょっと特別な感じでした。こういうのが魔女ですと、あとでエレーヌさんが言いました。
ときどき目をあけてまわりを見ると、体の影がすごくはっきり落ちていたりします。コンクリートの上にも、雑草とか土の上にも影が出ます。私の体とエレーヌさんの体の影がはっきりそんなふうに出るのを見ていて、なんか、こんなふうに影を見ていなかったと思いました。自分の体の影をちゃんと見ないで生きていて、そういうのはよくないなと思いました。あとでエレーヌさんにそう言いましたが、エレーヌさんは、そうです、影がない時は生きていないです、という感じのことを言いました。影が無くなると生きてられないってことかな、と思いました。ときどき、エレーヌさんの日本語は私にはわかりづらい時がありました。考えるとだいたいはわかりましたが。

月の光のなかに座っているだけなのが魔女だというのは、いままで私が考えていたのとはだいぶ違ってましたけど、なんとなくわかる感じでした。落ちつきとか、満足とか、安心の時間みたいなものかなと思いました。なにか煮込んだり呪文をかけたりして魔法をやるのとはすごく違っています。自然が魔法なのだとわかるのが魔女だと思いました。その夜に思ったのでなく、あとでだんだんわかったことです。生きていることが魔法で、それをよく感じるのが魔女だとあとで思うようになっていきました。これはエレーヌさんに言いましたが、そうです、その通りです、と言われました。

いつも満月の夜ということではなかったですけど、だいたい満月に近い夜に、エレーヌさんのところで庭に座るようになりました。最初の時と同じで、座っているだけですが、すごく充実した時間でした。
猫が何匹もエレーヌさんの家のまわりにはいるので、よく庭に来て、はじっこで座っていたりしていました。のどを鳴らしたり、擦りよってきたりしました。でも、それでも座っていると、猫もそこらへんに座って黙っているようになりました。猫といっしょに座っていることもけっこうありました。

ひと月おきだったり、ふた月以上あいだがあいたり、いろいろでしたが、けっこうエレーヌさんと、こんなふうに月の夜に庭で座りました。玄米を作ってくれたり、ワイルドライスというのを炊いてくれたりして、それと野菜とか、魚とか鶏のササミとかと食べたりする時もありました。ワイルドライスというのは、アメリカのインディアンの食べものらしいです。けっこうおいしいです。インディアンは魔女とよく似ているとエレーヌさんは言ってました。

エレーヌさんは日本語の魔女の本はあまり知らないので、英語とかのをけっこう読んでいたようです。私にいくつか勧めてくれました。私は英語がだめなので、ぜんぜん読めないのですが、題名とかはちゃんとメモしてあるので、これから勉強して読んでみようかなと思っています。

私は両親の問題とかあって、だいぶ前に引越してしまいました。もう東京にはしばらく行っていません。エレーヌさんとも会っていませんでした。
高校のあと、お店とかで働くようになって、いまは無農薬の野菜とかハーブとかも扱う店で働いています。時々エレーヌさんにメールしてました。電話することもありましたが、ほんとに時々でした。電話するとなにを言っていいかわからなくなるので、私からはあまりいろいろうまく話せないので、ちょっとしか話さなかったです。

病気になったことも知っていましたが、電話だと、エレーヌさんは、大丈夫ですと言っていました。ちょっとつらいと言っていた時もありましたが、でも大丈夫ですと言っていました。治りますと言っていたし、魔女ですから治しますと言っていました。

亡くなった時に、エレーヌさんのお友だちから知らせていただきました。

ながいことじかに会っていなかったので、まわりにいたお友だちとかほどショックはなかったと思います。でも、会っていないことと、亡くなったということは、どういうふうに違うのかな、とよく思いました。そこのところが、ちょっとよくわからない気がしました。

夜に急に胸がいっぱいになったような感じの時があって、なんか、エレーヌさんをもっとわかったような感じでした。なぜかすごく涙が出て来て、エレーヌさんとああして庭に座っていた頃がばあっと思い出されて来ました。

エレーヌさんと私だけで過ごした月の時間があんなにあって、しあわせだと思います。
エレーヌさんは、ゆりさんとの秘密の月の時間ですと言ってましたが、いまになってエレーヌさんが本当は忙しい人だったのがわかってきたので、ああいう時間があったのはうれしいです。
自然とか魔女とか好きな人のあいだでしかわかりあえないものがあるみたいな話も聞きましたが、そう思います。

私は月が大好きだし、これからも月の夜にひとりでもじっと座ってみると思います。
亡くなったという感じは、私はあまりしません。
亡くなるとか、生きているとか、そこらへんの違いは、私にはやっぱりよくわからない感じで、よくわからないというのが、本当は大事かなと感じます。

エレーヌさんのあの庭はよく覚えています。
長っぽそかったけれど、八畳ぐらいの広さはあったように思います。右にサルスベリの木があって、花が咲く時はピンクの花が咲いていました。その脇の壁の外には、大家さんのキウイの木の棚がありました。左には椿のけっこう大きな木がありました。初夏には毛虫がいっぱい付いて大変と言ってました。真中へんには杉だかモミだかの木がありました。
季節によっては、庭じゅうにドクダミの葉がいっぱいに広がっている時がありました。ドクダミはいろいろ使えますとエレーヌさんは言っていて、お茶にもなると言ってましたが、でもドクダミのお茶を飲む時はお店で乾いたのを買ってきて飲むと言っていました。自分で作るのは怠けますと言っていました。
夏とかは蚊がすごく多くて、蚊取り線香をあちこちにおいて座ったことがありました。エレーヌさんは、添加物のない蚊取り線香しか使いませんと言っていて、そういう蚊取り線香があるのかとはじめて知りました。いまはお客さんに私が教えたりしています。
私はあの庭とエレーヌさんを忘れないと思います。

将来、私はどうなるのかわからないけれど、もし子どもとかできたら、エレーヌさんのことを話して、ちょっと自慢するかも、と思います。孫なんかができても話すと思います。エレーヌさんの庭のことを話すおばあちゃんになって、子どもとか孫とかといっしょに、月のきれいな夜にしずかに座ったりできるといいなと思っています。




【管理者の注】
改行や若干の字句の修正を施して、掲載させていただいた。




2011/02/18

グルナック先生の思い出

SFC(慶応大学藤沢キャンパス)での授業風景
SFC関係者か学生による撮影



 加 藤  多 美 子
  (Tamiko KATO)



 親を亡くした小さな子供に「お母さんは夜空の星になられた。星に向かってお話すると想いは届くのよ」と人々が言いたい気持はよくわかりますが、自分では少しも信じることができません。それなのに先生に話している私がいます。先生は「大気のなかにいるかもしれない。どうしてそうでないと言い切れるの?」とおっしゃるでしょう。

 私が在籍した約13年間、カルチャースクール*のフランス文学講読講座では主にプルーストを教えていただきました。作品の中にそのままとび込んで感覚や感情をたよりに、自分なりの受け止め方で味わっていたように思われます。あらゆる読み方を肯定してくださったと言ってもよいと思います。授業は先生の情熱が生徒にうつって、たいへん高揚いたしました。私などフランス語がよく話せないので、クラスのあとで、美しくて心に残った場面を日本語で話さずにはいられませんでした。先生は淡い緑の瞳を輝かせて、聞いてくださいました。『失われた時を求めて』の中の、語り手がラスプリエール荘に行く途中の高台から眺めた海の描写や、サン・ルーやラシェルと共に訪れた花咲く梨園(マグダラのマリアが復活したキリストに出会った園を思わせる)など、次々に思い浮かびます。

今、後任の菅沼先生が「スティル(文体)は受容者によってはじめて見えてくるものであり、読みは読者によってあらたに生まれてゆく」という、プルーストの、受容に重きを置いた美学について、教えてくださっていますが、グルナック先生のお授業はこの理論に基づいた実践そのものだったように思われます。

 個人的なことをお話したことはあまりないのですが、小説、映画、音楽、絵を通して、感覚を共に経験させていただいたという気持が強くあります。一昨年の手術後にカルチャーセンターでお目にかかったとき、思わず私からハグをしてしまいました。ティミッド(臆病、小心)な私としては、ありがたい衝動でした。

 プルーストだけでなく、デュラスの愛憎の激しさ、クンデラの苦味なども、洞察のすぐれた包容力で導いてくださいました。「病を軽蔑し、明晰な死を望む」という『結婚』のカミュについて、先生は「カミュは若いわね。年をとった彼を知ることができなくて残念」とおっしゃっていましたが、先生はもっと自然体でもう少し柔らかなペシミスム・エクレレを身につけておられたと思います。(大林さんが書いておられますのに同感です)。風が大好きで、『インディア・ソング』の放浪する女乞食にも共感しておられました。根底にあるペシミスム・エクレレ(明るいペシミスム)によって、先生は澄みきり、人の悲しみに敏感に反応してあれだけ優しかったように私には思えます。

 先生は「いろいろな死に方があって、それもよい」とおっしゃるでしょうけれど、ずっと明晰な意識のままで、まわりの人々に愛され続けて亡くなられたことを、私はやはり嬉しく思っています。

  
(2011年2月15日)


*朝日カルチャーセンター横浜



【管理者の注】
 エレーヌ・セシル・グルナックの文章を、本人とのやりとりを重ねつつ翻訳してきた加藤多美子さんによるメモワール。愛弟子のおひとりとして、日本語に直しづらいところの多いグルナックのフランス語の翻訳に携わってこられた。
 
 このブログ《エレーヌ・グルナックの思い出》は、グルナックのたくさんの友人たちや知人たち、学生たちの思い出の交換の場です。
 グルナックのあり方は多面的だったため、だれにとっても、全体像が見えづらいところがあります。グルナックを慕い続ける人たち、関心を持ち続ける人たちが、グルナックのイメージを広げていける一助になれば、と考えています。
 ご自分なりの立場やアングルからの思い出などをお寄せください。
 お持ちのグルナックのイメージが、主観的、一面的ではないかと危惧なさる必要はありません。仮にそうでも、それらが集まることによって、自ずと、より客観的な全体像が更新されていくものと思われます。また、誤解や記憶違いなどがあったとしても、それらも自ずと修正されていくはずです。
 このブログのコメント欄に書き込みをなさると、自動的にスパムメール扱いになってしまうことがあるため、下記のアドレスまでお送りくださるほうが確実です。

 helenegrnac@gmail.com
 なお、改行などの表現上の変更をくわえさせていただく場合がありますので、あらかじめご了承ください。
 
 

2011/02/12

L’AUTRE RIVE.....*

à Sorigny,  France


  Hélène Cécile GRNAC


     Peut-être moins familières ou plutôt différente pour les Asiatiques, la notion de l’après-vie, selon les religions occidentales, laisse dans le coeur, une trace indélébile.Croyant ou pas, elle fait partie de notre vie qutidienne.Chacun la ressent à sa manière mais nous pouvons difficilement lui échapper, une fois qu’elle nous a enveloppés dès notre naissance.Et dès que nous avons pris conscience que nous sommes de passage ici-bas, cette notion nous escorte pour toujours, présence silencieuse mais bien là....


      Commençons par le commencement.Baptisés chrétiens pour le meilleur et pour le pire et sans vous demander votre avis, puisqu’on vous fait subir ce culte initiatique, à peine sortis du ventre de votre mère,nous voilà légataires universels d’un héritage-fardeau dont il est difficile de se débarrasser, qui vous encombre pour le restant de vos jours.Ne serait-il pas plus logique et surtout plus sain pour notre esprit que de lui laisser choisir le moment et la forme où il lui plairait de tâter du concept de la Grâce, de la Prédestination, du Péché, originel ou péché tout court et moultes autres belles et nobles spéculations du même genre ? Au lieu de cela, dès la plus petite enfance, on baigne dans une atomosphère manichéenne où l’on ne cesse de vous ressasser ce qui est bien et ce qui est mal, ce qu’il faut faire et ne pas faire et autres préceptes moraux des plus ennuyeux. Si ce n’était que l’ennui..... mais ce qui est grave et dangereux pour l’évolution intérieure de l’enfant comme de l’adulte, c’est que cet avant-goût de paradis et d’enfer ne laisse pas que de distiller en nous un pénible sentiment de culpabilité, de malaise qui va croissant avec l’âge, c’est-à-dire avec le désir naturel de se libérer de tout carcan, familial, social ou religieux. Tandis que nous torture sourdement la notion de l’existence même de dieu et de sa toute-puissance. Dieu existe-t-il vraiment ? On nous dit que oui.... mais encore ? On nous dit aussi qu’il est l’amour et la miséricorde infinis...  Voilà qui est bien, mais alors pourquoi sent-on toujours planer sur nos têtes, la menace du jugement dernier et des feux de l’enfer ? Dieu, s’il EST, pardonne-t-il, oui ou non ? Si oui, pourquoi ce sentement de contrôle permanent sur tous nos actes et paroles, cet interdit implicite de penser dieu librement, par nous-mêmes, avec ce qu’il y a en nous de limité mais aussi d’immensément grand et généreux, de sans cesse mouvant et créateur ? Monsieur le bon dieu est bien gentil mais il finit par nous peser.... comme l’inspecteur des impôts qui code tout,calcule tout, vérifie tout et pénalise à la moindre entorse à la Loi. Il nous prend alors l’envie condamnée mais irrésistible de nous tourner vers.... le diable.C’est lui qui nous tend la main pour nous aider à sortir des chaînes du système divin, de sa structure parfaite donc génératrice de stérilité.C’est lui peut-être, la porte ouverte qui laisse entrer un peu de souffle frais pour chasser l’air de pureté étouffant de la pensée bien-pensante.Ce que nous appelons démon, n’est-ce pas plutôt un genre de désordre, de chaos annonciateur d’ordre, mais d’un ordre toujours flexible, dont les forces dynamiques pénètreraient en même temps tous les vecteurs la pensée humaine, désordre étoilé, qui brillerait partout à la fois ? Quoiqu’il en soit, l’homme d’aujourd’hui n’est pas encore prêt à regarder dieu droit dans les yeux, sans peur, avec la pleine conscience de sa fragilité qui est aussi la source même de sa force de vie.Les progrès scientifiques si prometteurs soitent-ils, ne diminuent pas notre angoisse de vivre, tant s’en faut. Aux croyances et religions qui ont fait leur temps, croyons-nous, nous nous hâtons d’en substituer d’autres, toutes plus universelleset meilleuresles unes que les autres nous assure-t-on, mais sans vouloir admettre qu’elles n’apportent rien de nouveau sous le soleil, sinon de perpétuer comme leurs soeurs aînées, l’intolérance et le fanatisme.
    

     La religiondu moins la religion chrétiennesemble donc avoir échoué dans sa mission de répandre l’amour universel du Christ, sans doute parce que les hommes n’en ont jamais saisi la véritable portée.Loin de voir en lui le chemin de la libérté intérieure, aussi bien envers la peur de la mort qu’envers l’enracinement terrestre, lâmour du Christ a été pris comme la perche de salut à laquelle on s’accroche désespérément pour se fuir, pour ne pas se prendre en charge.On se blottit frileusement sous l’aile terrible mais en même temps protectrice d’un dieu d’autant plus fascinant que loins de notre appréhension, un dieu qui, malgré sa justice tranchante comme le glaive, nous pardonnera toutes nos mauvaises actions.Nous n’en sommes pas à une contradiction près ! Si simplement et si cocasse qu’elle puisse paraître, une évidence certaine se profile : l’homme recherche toujours un appui, un lieu sûr, de quelque nature qu’ils soient, pour ne pas devenir adulte à part entière, ne voulant pas comprendre que cette maturité est la garantie même de sa spontanéité d’enfant autant que de sa lucidité de sage apte à rencontrer la mort avec sérénité. Cette irresponsabilité quasi-génétique fait que nous sommes des plus réticents pour affronter l’inévitable, à savoir notre propre fin.Ou plutôt, pourquoi faut-il que nous l’acceptions mais à la guerre, dans une maladie incurable ou encore dans le désespoir suicidaire du déséquilibré mental ? Il est pourtant des peuples qui vivent chaque jour avec la mort. « Le Labyrinthe de la solitude » d’Octavio Paz montre avec une profondeur et une tendresse infinies le destin des Mexicains pour qui la mort est d’abord une fidèle compagne qui les aide à survivre dans un pays à l’économie angoissante, qui les a soutenus autrefois pour supporter le joug colonial des Conquistadors.Présence mystérieusement réconfortante et comique avec un bonheur qui sans nul doute, choque ou fait frissonner celui qui foule le sol du Mexique pour la première fois. Pourtant, n’est-ce pas les Mexicains qui auraient raison ? Penser la vie comme eux nous aideraient peut-être à mieux la vivre et mieux la ....quitter. Nous y gagnerons en acuité et clairvoyance dans les arcanes tortueuses ou qui nous paraissent telles, de notre destinée.En conséquence, cette dernière se présenterait à nous infiniment moins dramatique et moins cruelle que toutes les religions et toutes les philosophies de la terre se sont obstinées à nous faire croire.Vivre la vie avec la mort engendrerait naturellement une modification en profondeur de nos structures sociales, politiques, économiques et autres.Quant à nos découvertes scientifiques dont nous nous glorifions un peu trop et un peu trop vite, là encore, si nous en comprenions vraiment l’impact sur l’avenir de l’humanité, elles devraient favoriser en nous un sens plus cosmique de la vie, la faisant une, précisément, avec son autre face inséparable. Elles devraient pouvoir nous aider à sonder avec plus de confiance, le mystère presque entier encore, de nos cellules qui, pendant que nous sommes là, savent parfaitement comment vivre pour mourir et mourir pour renaître.Mouvement fantastique dont le tourbillon créateur échappe toujours à notre intelligence.....

  mai 1991  à Tokyo



 *Écrit pour ΠANTHEON vol.2 no.2
   SFC News Letter (de l’Université Kéio Fujisawa Campus)




2011/02/10

わたしの夢 (授業用に準備された書き取りテストの文案)

日本各地を旅してまわっていた頃
photo by a friend
                  


 エレーヌ・セシル・グルナック
 (駿河  昌樹  訳)


 小さかったころの夢は、クラッシックバレエのダンサーになること。
 つま先で、はやく、とってもはやく、廻りたかった。サテンのトウシューズをはき、ダイヤモンド(もちろん、ニセの!)の飾りのついた白いバレエのスカートをはいて。

 マリー・キュリーのすばらしい人生について読んでからは、原子の研究がしたくなった。
 いまでもこの情熱はわたしのなかに残っているけど、残念なことに、わたしは彼女みたいな偉大な物理学者にはならなかった。

 そうして成長していくうち、世界一周を夢みるようになった。
 フランスは小さ過ぎ、わたしに近過ぎ、ありきたり過ぎて。
 だいたい、フランスの地理についてはまるでダメだったし
 わたしに興味のあったのはアフリカ、アジア、……あぶなくて、魅惑的だと想像していた遠い国々……。求めていたのは大冒険、近づきがたいもの……

 以来、そう…、ずいぶん旅をした… ほんとに。

 いまでもバレエを見に行くのは好き。原子にも、前と同じように夢中だし。
……でも、わたしはおりこうさんにしていて、教える仕事なんかしている。みんなと同じように、シンプルに生きている。
 税金も払っているし、家賃だって… だれにでもあるように、浮き沈みだってあったし。

 でも、こんなふうでいいじゃない、とっても? ね?





【管理者の注】
 Mes Rêvesの日本語訳。原文にない改行を施した。
 たくさんの書類やメモ類の中から見つかった授業用ディクテの文案で、実際にこのまま使用されたか、修正された上で使用されたかはわからない。授業用のものは、使い終わればふつう捨てられたが、これだけは重要な書類をおさめた箱の中に残されていた。
 書かれていることをそのまま真実と受けとるわけにもいかないが、エレーヌ・セシル・グルナックは多くの友人たちに、このような内容のことを語っていた。
 バレエへの関心は実際につよく、ソビエト留学時、ボリショイ・バレエ団関係のバレエ学校で学んだこともある。その時出会ったフランス人バレエ教師たち数人とは、ながく交友関係が続いた。
 バレエ関係の写真集もよく買っていた時期がある。
 フランスの地理には実際まったく興味がなく、有名な地名の場所がどこか、わからないこともあると語っていた。ともに旅をしていると、確かに河や海の名がわからないことがあったし、河がどの地方を流れてどこに向かうかなど、まったくといっていいほど知らなかった。
 外国にばかり関心が向くという傾向は、アルチュール・ランボーへの彼女のつよい興味にも繋がると思われる。
 

« Mes rêves » : Dictée pour ses cours de français *

en France


     Hélène Cécile GRNAC

      Quand j’étais petite, je rêvais de devenir danseuse classique.
Je voulais tourner vite, très vite sur la pointe de mes pieds, dans des chaussons de satin, en tutu blanc décoré de diamants (faux naturellement !).
Ensuite, quand j’ai lu la vie magnifique de Marie Curie, j’ai voulu étudier les atomes.
Aujourd’hui encore cette passion reste en moi mais je ne suis, hélas, pas devenue comme elle, une grande physicienne.
Entretemps, en grandissant, je rêvais de faire le tour du monde.
La France était trop petite, trop près de moi, trop banale.
D’ailleurs j’étais nulle en géographie française.... 
Non, moi, ce qui m’intéressait, c’était l’Afrique, l’Asie.... les pays lointains que j’imaginais dangereux, fascinants.... Je cherchais la grande aventure, l’inaccessible quoi...
   Depuis, c’est vrai, j’ai beaucoup voyagé...
 J’aime toujours aller voir des ballets, et l’atome me passionne comme avant... mais j’enseigne sagement, je vis simplement comme tout le monde.
 Je paye mes impôts, mon loyer... et j’ai mes hauts et mes bas comme tout un chacun.
 Mais c’est très bien comme ça, non ?




*Trouvée par hasard avec ses papiers importants.

2011/02/06

LA VIE QUOTIDIENNE (resté à l'état d'ébauche)

à Hanegi-koen, Umegaoka, Setagaya, Tokyo    
photo by Masaki SURUGA


       Hélène Cécile GRNAC


  L’hiver dernier(2008) il est sorti un film japonais qui a eu un grand succès, intitulé « ZEN ». Il raconte la vie du grand moine japonais DOGEN ( 1200 – 1253 ), fondateur de la secte zen SOTO. La quintessence de son enseignement se trouve dans son oeuvre maîtresse Shôbôgenzô, « Le Trésor de l’Oeil de la vraie Loi ».  
  La pensée de Dôgen présente une originalité remarquable que l’on se permet de résumer ainsi : au lieu de se baser sur les Ecritures de l’enseignement bouddhique classique, il les nie pour au contraire s’appuyer sur sa propre expérience dans ce qu’il appelait le « ici et maintenant » en prenant la position assise, celle du « zazen ». C’est grâce à elle que le corps et l’esprit cessent d’avoir toute valeur fixe, toute identité déterminée et qu’on peut atteindre l’Eveil, la Voie ( de Bouddha), c’est-à-dire qu’ « étudier la Voie, c’est seulement saisir les os et la moelle du monde de l’absence de forme et de pensée. » Par ailleurs, cet éveil se produit de lui-même, il a lieu ou non, mais ne dépend de toutes façons, d’aucune circonstance extérieure, quelle quelle soit. Pour ce qui est de la mort, il dira devant une assemblée de bonzes à Hôrin-ji, en 1242 que « l’homme ordinaire ignore que vie et mort cohabitent...que la vie ne s’oppose pas à la mort ni la mort à la vie .»
  Ce film fut l’occasion de me replonger dans le bouddhisme qu’en fait je ne perdais jamais de vue, relisant souvent, sans m’en lasser, des passages de tels ou tels penseurs indiens, chinois ou japonais ( principalement Dôgen et Kûkai ), naturellement le plus souvent en traduction française ou anglaise, quelquefois dans l’original japonais. Je revis le film encore deux fois, et forte de cette expérience, me sentant quelque part « éveillée », dans la foulée, je pensais à cet autre grand moine japonais tout aussi célèbre sinon plus que Dôgen : Kôbô Daishi qui vécut environ quatre siècles avant Dôgen : 774-835 et plus souvent appelé Kûkai (Océan de vacuité), nom qu’il prit quand il fut ordonné moine, avant son départ en Chine. J’eus la chance de découvrir une vidéo sur sa vie. Un film japonais de presque trois heures des années 85 dont je ne sais pourquoi je n’avais jamais entendu parler ou oublier son existence. Que je revis trois fois aussi, tranquillement.
  Comme Dôgen, Kûkai, fondateur, lui, de la secte bouddhique du Shingon (le mantra), obtint l’Eveil en Chine et comme Dôgen, il voulut initier les Japonais à ce qu’il avait appris, après son retour au Japon. Mais bien que tous les deux se réclament de la Voie de Bouddha et présentent nécessairement des points communs dans leur philosophie, notamment sur la vacuité et l’impermanence des choses, Kûkai insista sur l’étude du mandala, représentation géométrique et symbolique de l’univers dans le bouddhisme (et aussi le brahmanisme). Il implanta le bouddhisme dit ésotérique, dans son pays. Pour lui, macrocosme et microcosme ne font qu’UN. Il affirmera encore comme Dogen quelques siècles plus tard, qu’on peut atteindre l’Eveil, autrement dit l’état de Bouddha en une seule vie ici-bas, sans avoir à passer par plusieurs vies ou réincarnations, contrairement à la croyance hindouiste et à celle des autres sectes religieuses de son époque au Japon.
  A la différence de Dôgen qui partit en Chine très jeune déjà bonze et se consacra au retour exclusivement au zen et à son temple Eihei-ji, Kûkai comme Dôgen abandonnera de brillantes études et toute carrière prometteuse, mais pour mener d’abord de longues années, une vie d’ascète errant et loqueteux. Pour expérimenter précisément ce qu’il pressentait si fort en lui, que « tout ce qui était en haut était comme tout ce qui était en bas ». Il ne se fera moine qu’après l’âge de 30 ans, après avoir mieux compris non seulement avec son intelligence hors du commun mais aussi et surtout avec toutes les fibres de son corps les mystères de l’univers. Initiation personnelle et quasi-sauvage, dans la nature même, apprentissage laborieux et souvent périlleux qu’il parachèvera en Chine grâce à la rencontre miraculeuse du grand maître de l’ésotérisme chinois Keika-Ajari (Hui-Go) qui, dit-on, l « attendait » avec impatience pour lui transmettre les secrets ultimes de son enseignement, avant de quitter ce monde. Très ouvert, il désirait aussi que Kûkai se hâte de rentrer au Japon pour les répandre. Kûkai écrira une oeuvre immense dont une « Jôjôshin-ron », dans lequel il développera les dix niveaux à travailler avant d’atteindre l’unité absolue de l’Esprit.
  L’Eveillé n’a donc pas besoin de rejeter le monde, il peut et se doit même d’aider les autres moins avancés que lui à percevoir la Vérité, l’Ainsité des choses de la vie sous leurs aspects infiniment multiples mais sans cesse changeants et éphémères.
     Fort de son expérience et de l’initiation complète qu’il eut le privilège unique de recevoir, Kûkai voyagera à travers tout le Japon. Doué de pouvoirs shamaniques, il soignera les malades lors d’épidémies, arrêtera la tempête pour que les pêcheurs aient le temps de construire leur digue contre le typhon etc... Il reste toujours très vénéré au temple qu’il fonda en 816 sur le mont Koya et les Japonais se sentent plus proches de lui que de Dôgen, probablement, bien que chaque année des milliers de touristes aillent visiter Eihei-ji.
  Voilà donc ce que ces deux films m’avaient appris sur les deux plus importants courants spirituels du Japon et sur leurs deux plus éminents penseurs.
Mais après le vif intérêt ressenti en découvrant à l’écran la vie extraordinaire de ces deux grands propagateurs de la pensée de Sakyamuni, je pris du recul, puis le doute commença à me ronger, enfin je me décidai à les attaquer...tous les deux.
Il n’est pas dans mon intention de mettre en doute leur force spirituelle respective, j’aurais bien du mal à le faire. Tout ce qu’ils ont écrit comme témoignages de leurs expériences intérieures restera un précieux témoignage et un excellent texte de référence pour tous les lecteurs de tous les temps, certes, mais pourquoi ont-ils fondé tous les deux et d’autres comme eux une secte ? Bouddha n’a jamais voulu que ses expériences sur la découverte de l’ignorance humaine se transforment en dogmes religieux.
  Aussi Bouddha n’ a jamais voulu créer de temple ni de secte quelconque ; pourquoi faut-il alors que ceux qui ont voulu devenir des « éveillés » comme lui et qui y sont parvenus en principe, ont-ils toujours eu le besoin de créer une secte dans laquelle ils se sont enfermés pour former bande à part ? Pratiquement aucun des plus célèbres n’a réussi à vivre comme tout le monde, excepté Marpa, le laique tibétain et maître de Milarépa, qui dira lui-même :《 ............. 》,
    
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   .........plongeai dans le plus définitif accablement. Je ne me suis plus sentie illuminée, plus du tout. Loin d’appliquer le principe capital du bouddhisme selon lequel rien n’a de véritable consistance, donc tout est illusion mentale, mon petit « moi » s’était au contraire assez renforcé pour croire fermement qu’il existait vraiment. Puisque j’éprouvais un complexe d’infériorité presque insupportable ! Je me perdais dans toutes sortes de raisonnements plus contradictoires les uns que les autres. Je pensais que tout cela était magnifique mais sur le papier seulement et si ce n’était pas le cas que je n’aurais jamais la force intellectuelle, physique et spirituelle de les suivre, même de très loin. Kûkai me semblait encore plus inaccessible que Dôgen parce qu’à moins d’aller chercher dans le fin fond du Pérou ou du Mexique un shamane digne de ce nom, comme Don Juan dans les récits fascinants de Castanéda, ou de tomber sur quelqu’un comme l’inoubliable indien Apache surnommé « Grandfather » des livres de Tom Brown, Jr., je ne pourrais jamais rien apprendre du vrai esprit de la Nature et de cette force « qui meut infiniment tout ce qui est ». Mais je savais aussi que je n’aurais jamais le courage ni l’élan suffisants pour aller m’asseoir durant de longues heures sur un coussin et faire zazen... bien que vivant au Japon, la patrie de Dôgen. Je me demandai enfin, pour justifier mon incapacité totale, s’il existait de nos jours de véritables successeurs de Dôgen et de Kûkai...    


   (inachevé)


    le 12 mai 2009   à   Tokyo


*Cette ébauche est le dernier écrit d'Hélène Cécile GRNAC. Le 12 mai 2009, mardi, en rentrant de ses cours à Yokohama, elle s'est aperçue que ses jambes étaient enflées "comme des poteaux". C'était l'apparition nette de son cancer.



【管理人の注】
 エレーヌ・セシル・グルナックによる最後の草稿。残されたパソコンの中から、《Le corps est esprit, L'esprit est corps》とともに発見された。フランス文学作品をテーマとする考察から、50年来の関心の中心だった生活の中での《真理》の探究についての考察へと、道元や空海に触れつつ、向かおうとしていた。
 宗教と神秘主義への非常な興味を一貫して持ち続けてきたグルナックは、60代の後半に達して、隠遁者でも僧でもなく、生活に追われるふつうの社会人として生きつつ、それらをどのように日常生活の中で生き、どのように《真理》へと到達して行きうるのかということについて、多面的に考え直そうとしていた。
 道元や空海の著作の日本語原文、現代日本語訳、フランス語訳、英語訳をあらためて手元に集め始めていたが、知的思弁的な道元論や空海論を展開していくよりは、日常の中の様々なモノや身のまわりの小さな自然、誰にでも訪れる夢や直観、場合によっては幻視などを手掛かりとした《真理》の探究の仕方を採っていくことになる可能性のほうが強かったと想像される。ネイティヴ・アメリカン関係の自然や霊との交流を扱った書籍類や、現代アメリカの女性たちの手になる実践的なシャーマニズムや魔法についての書籍類も手元に多量に集められており、すでに相当に読み込まれていたが、グルナックにとっては、そうした進み方のほうが自然であったように見受けられる。

 この草稿に最後に手が入れられた2009年5月12日、火曜日、朝日カルチャーセンター横浜の授業から帰宅したグルナックは、両足が大根のように腫れているのに気づく。彼女の生命を奪うことになるガンが、はっきりしたかたちで現われた日だった。
 以後、落ち着いて文章を書く機会はついに戻って来なかったが、ふいに突きつけられた末期ガンを、集中的な実践的修行の契機のようなものとして認識していた。様々な雑事につきまとわれ続ける日常生活と、そこに厄介事と心身疲労や衰弱が加えられ続けていく病気というもの。これらを抱えながらの精神的ないし霊的な進化・深化は、どこまで可能か。最期を迎える週まで、これが、管理者との間での会話の中心的なテーマとなった。グルナックは、生涯で一度も病気らしい病気を経験したことがなかったので、降って湧いたような大病を、特別に突きつけられた課題として受けとめていた。
 70歳にも達しない年齢の彼女を見舞った死の危機について、まだ若過ぎると考えて悔やんでいたわけではない。彼女よりも若くして亡くなった空海や道元、あるいは聖ベルナデットなどの年齢を忘れていなかったし、やはりガンで死んでいった覚者ラマナ・マハリシやクリシュナムルティのことも忘れてはいなかった。